LI LISAN

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LI LISAN

LI LISAN (1896-1967)

Fils d’instituteur rural, Li Lisan naît à Liling (Hunan) et fréquente l’école normale de Changsha, lorsqu’en 1917, étudiant lui aussi dans cette ville, le jeune Mao Zedong invite «les jeunes gens intéressés aux activités patriotiques et résolus» à prendre contact avec lui; il reçoit «trois réponses et demie»: «La demi-réponse, écrit Mao, venait d’un jeune homme très réservé appelé Li Lisan. Li écouta ce que j’avais à dire, et puis s’en alla sans faire la moindre proposition, et notre amitié ne se noua jamais.» Utilisant les facilités offertes par la France et les avantages du plan «travail et études combinés» mis en place pendant la Première Guerre mondiale, Li étudie quelques mois le français à Pékin, puis s’embarque pour la France. Là, il se lie avec Zhou Enlai et participe à l’organisation des premiers noyaux du Parti communiste chinois (P.C.C.).

Expulsé par les autorités françaises et revenu en Chine, Li travaille activement au sein du P.C.C. Lorsqu’en janvier 1924 se tient à Canton le Ier congrès du Guomindang (GMD), il y figure parmi les communistes chinois et, comme Mao Zedong, y prend la parole. Participant, avec Zhang Guotao et Liu Shaoqi, à l’organisation et au regroupement des syndicats, il préconise l’union des mouvements étudiants et des syndicats ouvriers sous une direction commune; bientôt, il devient président de l’union syndicale qu’a constituée Zhang Guotao; en 1926, il assiste à Moscou au congrès international des fédérations syndicales.

La même année, après la scission du GMD en fractions de droite et de gauche, Li remplace Zhang Guotao et devient chef du Comité du mouvement ouvrier. Peu après, lors du Ve congrès national du parti, un bureau politique est officiellement créé; il est composé de sept membres, dont Li Lisan. Le contrôle du mouvement populaire et, en particulier, celui des paysans du Hunan se révèle nécessaire pour le parti et Li, en 1927, en éprouve personnellement les conséquences: considéré comme «chef de village et mauvais noble», son père est chassé de sa ville natale par les paysans du lieu; revenu chez lui un peu plus tard avec un sauf-conduit signé de son fils et attestant ses bonnes intentions à l’égard des révolutionnaires, le vieil homme est cependant exécuté. En juillet 1927, Li et Qu Qiubai préparent à Nanchang une insurrection armée, ceci conformément aux plans communistes d’insurrection générale que Zhou Enlai, alors chef du département militaire du comité central, a établis; malgré les ordres de Moscou et les avis partagés des dirigeants communistes chinois, la révolte de Nanchang éclate le 1er août 1927, mais les troupes communistes doivent fuir devant les forces régulières. Une nouvelle direction du parti est nommée et ses anciens membres, dont Li Lisan, sont destitués; Li et Zhang Guotao s’enfuient à Hong Kong puis gagnent Shanghai; lors du VIe congrès du P.C.C. ils sont élus au comité central.

Au cours des derniers mois de 1927, Li prend la tête du comité provincial du P.C.C. à Canton. Figure dominante du parti, il propose dès 1927 et surtout à partir de 1929 une série de mesures qui seront désignées plus tard sous le nom de «ligne Li Lisan»: préconisant une politique «gauchiste», il propose de lancer le prolétariat urbain dans un mouvement insurrectionnel qu’appuierait l’Armée rouge; méconnaissant l’intérêt d’une stratégie révolutionnaire fondée sur l’organisation des masses paysannes, il oppose aux objections de Mao Zedong un slogan qui sera bientôt jugé aventuriste: «Gagner d’abord des succès dans une ou plusieurs provinces et y établir aussitôt un régime soviétique national». Ce mot d’ordre, d’inspiration soviétique, est adopté à la conférence des délégués des soviets qui se tient à Shanghai en mai 1930. Lancée quelques mois plus tard sur Nanchang et Changsha, la «révolte de la moisson d’automne» échoue: Li explique cet échec par la passivité des masses, mais la raison principale tient plutôt à la façon dont les ouvriers ont été décimés par la chasse que les troupes de Tchiang Kai-chek leur ont faite; Li, qui lors de l’attaque de Changsha a eu l’audace de demander au Komintern de faire intervenir l’Armée rouge soviétique, doit se rendre à Moscou pour répondre de son opportunisme de gauche et de son déviationnisme. Il plaide coupable et se voit ordonner par le Komintern d’étudier à l’Institut Lénine «pour apprendre la substance de ses erreurs». Il demeura en exil à Moscou de 1931 à 1946.

De retour en Chine, il est élu au comité central du P.C.C. et, dès 1946 il est commissaire politique, dépendant de Lin Biao; bientôt il assume diverses responsabilités au sein des syndicats, puis occupe le poste de ministre du Travail. En désaccord avec la direction du P.C.C. sur des questions de gestion économique, il doit abandonner sa fonction en 1954. Réélu au comité central lors du VIIIe congrès du parti en 1956, Li fait son autocritique, impute ses erreurs passées au subjectivisme, au sectarisme «et autres caractéristiques malsaines de la petite bourgeoisie». Ses déclarations toutefois n’entraînent aucune discussion approfondie des faits passés. Disparu quelque temps de la scène politique, Li Lisan réapparaît en 1962 comme secrétaire régional du comité central.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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